Femmes et sport : l'injustice persistante
Femmes et sport : l'injustice persistante
Le jeudi 6 avril 2023
Inégalités dans le sport
L'inégalité dans le sport est très présente, et c'est un sujet dont on entend beaucoup parler à l'heure actuelle. Mais savons-nous vraiment tout ce qu'il y a à savoir ? Par exemple, Serena Williams, une tenniswoman de renom, ne gagne "que" 18 millions de dollars, alors qu'elle est la sportive la mieux payée au monde, tandis que Floyd Mayweather, l'athlète le mieux payé au monde côté masculin, gagne 285 millions de dollars par an. Le football est souvent considéré comme un sport où l'on trouve beaucoup d'inégalités mais ce n'est pas le pire : le rugby ne compte que 24 joueuses semi-professionnelles et il n'y a pas de joueuses professionnelles de rugby en France. Mais pourquoi y a-t-il autant d'inégalités ? Certains pays refusent que les femmes pratiquent le sport. La précarité menstruelle joue également un rôle important car certaines sportives n'ont pas accès à des protections hygiéniques et ne peuvent donc pas sortir de chez elles pour faire du sport. L'absence d'infrastructures constitue également un frein pour l'accès des femmes au sport professionnel. Les inégalités sont également liées au fait que les salaires sont établis en fonction de l'argent que rapportent certains joueurs. Comme le football féminin est moins médiatisé, il rapporte donc moins.
Egalité dans l'inégalité
Pour trouver des exemples d'égalité, il faut se tourner vers des sports moins médiatisés, comme le surf. Depuis 2019, les prix pour les gagnants des compétitions sont les mêmes pour les hommes et les femmes. D'où le slogan d'une grande campagne relayée sur les réseaux sociaux : "Les mêmes vagues méritent le même salaire". C'est également le cas d'un sport très connu en Suisse, le ski, où les organisateurs des compétitions attribuent les mêmes primes aux hommes et aux femmes, même si, en général, les primes des hommes sont plus élevées car ils rapportent plus de téléspectateurs.
Pour finir, nous avons demandé l’avis de Leila Wandeler, une joueuse de l’équipe suisse féminine en U17 de football, avec sa place d’attaquante et ses 803 minutes de jeu, Leila Wandeler performe dans le foot.
Comment avez-vous commencé à jouer au football, et avez-vous rencontré des obstacles en raison de votre sexe ?
« J’ai commencé à l'âge de 4 ans au FC Matran et à ce moment-là il y avait déjà quelques préjugés mais j’avais déjà les idées claires dans ma tête et je n’allais pas me faire descendre par cela. »
Pensez-vous que le fait d'être une femme dans le football présente des avantages ou des inconvénients, et comment cela peut-il être amélioré ?
« Je pense que pour l’instant il n'y a presque que des inconvénients. Le football féminin en Suisse n’est pas du tout professionnel, c’est-à-dire qu’une footballeuse n’arrivera pas à gagner sa vie grâce au football. Nous n'avons pas des centres de formation aussi développés que ceux qu’il peut y avoir à l’étranger. »
Comment votre expérience de jouer au football en tant que femme a-t-elle changé au fil des ans, en termes de visibilité, de soutien et d'opportunités ?
« Je pense que ce qui m’a aidé le plus c’est que je ne me laissais pas faire par les garçons et j’arrivais à prendre ma place dans l’équipe. Je pense que le plus compliqué c’était quand j’ai vécu au Sénégal pendant quatre ans. Là-bas, c’est un milieu plus fermé, plus vieux jeu mais dès que je suis arrivée sur le terrain et que j’ai fait mes preuves j’ai gagné le respect des gars de mon équipe. En ce moment, le foot féminin est en train d’exploser. La situation va aussi changer avec l’Euro 2025 en Suisse. »
Quelles sont vos pensées sur la représentation des femmes dans le football, à la fois sur le terrain et dans les médias ?
« Les femmes qui ont du niveau se font remarquer et se font accepter sur le terrain. Dans les médias, ça commence à venir de plus en plus. Il y a plus de matchs diffusés. Par exemple, quasiment tous les matchs du dernier Euro ont été diffusés à la télévision. J’espère que ça sera bientôt égal au foot masculin. »
Avez-vous des exemples d'inégalités auxquelles vous avez été confrontée en tant que femme dans le football et comment avez-vous géré ces situations ?
« Oui, quand j’étais au Sénégal on me disait : « Tu es une fille et tu joues au foot ? Pars du terrain, tu n’as rien à faire ici. » Je pense que la meilleure façon de répondre à ces situations c’est d’agir sur le terrain. On est des filles mais ça ne veut pas dire qu’on a moins de capacités qu’un homme. Mentalement et techniquement on peut être autant fortes que les hommes. »
Comment pensez-vous que les inégalités dans le football peuvent être réduites pour les femmes et quels changements devraient être apportés pour y parvenir ?
« Je pense que les inégalités peuvent être réduites par plus de visibilité. Il faudrait qu’il y ait plus de filles qui jouent au foot. L’Euro féminin de 2025 en Suisse va également changer le football féminin car on aura un grand impact financier et la visibilité va aussi augmenter. L’Euro va amener des progrès immenses à mon avis. »
Hippolyte Bourgon et Filippo Mai