Depuis novembre 2022, ce nom se fait entendre dans toutes les bouches. Mais avant de nous pencher sur les différents ressentis qu’ont les gens par rapport à cette intelligence artificielle, commençons par en apprendre plus sur ce ChatGPT. Pour cela, pourquoi ne pas le lui demander directement ?
Qu’est-ce qu’est ChatGPT ?
« ChatGPT est le nom que j'ai reçu en tant que modèle de langage conçu pour interagir avec les utilisateurs à travers une conversation en langage naturel. En d'autres termes, ChatGPT est une version de moi-même qui est capable de comprendre les questions et les déclarations des utilisateurs, puis de fournir des réponses en utilisant mes connaissances et mes compétences en traitement du langage naturel. Mon objectif en tant que ChatGPT est de fournir des réponses utiles et pertinentes aux utilisateurs qui souhaitent obtenir des informations ou des conseils sur divers sujets. »
Quand as-tu été créé ?
« Je suis un modèle de langage créé par OpenAI et j'ai été entraîné sur une vaste quantité de données pour comprendre et générer du texte en langage naturel. J'ai été lancé publiquement en juin 2020, mais depuis lors, mon modèle a été amélioré et mis à jour régulièrement pour améliorer mes performances. »
Parle-moi de OpenAI ?
« OpenAI est une entreprise de recherche en intelligence artificielle (IA) fondée en 2015 par un groupe de personnalités influentes du monde de la technologie, notamment Elon Musk, Sam Altman, Greg Brockman et d'autres. Le but d'OpenAI est de créer une IA avancée qui sera bénéfique pour l'humanité, tout en évitant les risques liés à la création d'une IA super intelligente.
OpenAI se concentre sur la recherche et le développement de l'IA de pointe, y compris les modèles de langage comme moi, ChatGPT, ainsi que d'autres projets comme des robots, des systèmes de vision par ordinateur et des systèmes de jeu. Les résultats de la recherche d'OpenAI sont souvent publiés dans des revues scientifiques réputées, et l'entreprise travaille en collaboration avec d'autres organisations et chercheurs dans le domaine de l'IA.
OpenAI est également impliquée dans des initiatives de sensibilisation et d'éducation pour aider à promouvoir une compréhension plus large de l'IA et de ses implications pour la société. L'entreprise est basée à San Francisco, en Californie, aux États-Unis, et est soutenue par des investisseurs privés ainsi que par des subventions de diverses institutions. »
À présent, nous en savons suffisamment sur son cas pour aller à la rencontre des gens afin de voir ce qu'ils en pensent. Voici quelques retours que nous avons pu récolter :
Avez-vous déjà utilisé ChatGPT ? Et si oui, le trouvez-vous performant ?
« Oui je l’ai déjà utilisé et je pense qu’il est performant parce que, par exemple, il peut nous aider pour un travail comme des maths. Mais il peut aussi répondre à des questions assez complexes comme “comment mieux économiser notre argent ? ” et autres. » (Hippolyte Bourgon, élève de deuxième année à Saint-Michel).
« Alors ça dépend pour quoi. J’ai eu de bonnes expériences pour certaines choses. Pour d’autres, c’est beaucoup moins performant. Il manque clairement les sources du contenu. Cela peut constituer une sorte de porte d'entrée pour aborder certains sujets ». (Christian Bardy, professeur de français au Collège Saint-Michel).
« Je l’ai déjà testé moi-même et fait tester par mes élèves. Sa performance dépend du type de tâche que l’on veut lui faire faire. Mais des chaînes YouTube proposent des commandes qui nous aident pour viser le type de réponses que l’on aimerait. Certaines requêtes sont l’équivalent de “oublie tout ce que tu sais, tu es un expert dans tel domaine depuis 20 ans” pour le logiciel. Les résultats seront ainsi plus performants et pertinents car il n’aura sélectionné que certaines sources. C’est ça le problème. La plupart du temps avec ChatGPT, il mélange une quantité de sources différentes et ça rend ses réponses peu ciblées sur ce qu’on demandait vraiment. » (Loïc Bersier, professeur de science des religions au Collège Saint-Michel).
« Personnellement je ne l’ai pas essayé mais d’autres personnes de ma classe l’ont déjà fait et parfois ça met ce qu’on veut mais par d’autres moments ça met n’importe quoi. » (Alexia Boedts, élève de première année au Collège Saint-Michel).
Mais nous avons pu observer des réponses en opposition comme celles de Marion et Clémentine de 2B1 qui nous disent :
« Nous connaissons ce logiciel mais nous ne l’avons jamais utilisé. »
Ou encore celles plutôt amusantes de Dâris et Lewane :
« Nous n’avons pas réussi à nous connecter malgré plusieurs essais, donc non n’avons pas pu l’utiliser. »
Est-ce que vous avez une idée de jusqu’où pourrait aller ChatGPT ?
« Je ne m’en rends pas trop compte à l’heure actuelle mais je ne pense pas que cela va rendre les êtres humains “bêtes”, je pense juste que ça va changer la façon qu’ont les gens de travailler. On utilisera toujours notre intelligence mais avec les nouvelles intelligences artificielles. » (Hippolyte Bourgon, élève de deuxième année au Collège Saint-Michel).
« Franchement, je ne sais pas. J’ai l’impression qu’aujourd’hui ça peut aller très vite et que cela peut être pas mal utile mais après si c’est vraiment bien ? À voir… » (Alexia Boedts).
« Ça peut être un danger si on ne l’encadre pas correctement, mais je crois qu’il y a maintenant une certaine volonté de légiférer, d’éviter que ça nous dépasse parce que ça peut représenter certains dangers. On peut y voir notamment des choses pas très correctes dans le sens où ça peut vous donner des conseils pour fabriquer des bombes ou je ne sais quoi. Alors là évidemment l’utilisation n’est pas très intéressante. Si on l’utilise comme correcteur orthographique et que ça apporte un plus, oui, si on l’utilise pour fabriquer des bombes, non. Il va falloir effectivement qu’on mette un certain nombre de garde-fous en place pour maîtriser la chose quand même. » (Christian Bardy).
« Ce qui m’inquiète, c’est que ce logiciel appartient à une entreprise privée, il n’y a donc pas de garde-fou. Mais en plus de ça, on ne sait pas comment il est fait. Open AI refuse de nous le révéler comment est composée la base de données. Également des problèmes éthiques pour les intelligences artificielles qui génèrent des images car la base de données est constituée de travaux d’artistes et lorsque le programme crée une nouvelle œuvre inspirée d’autres artistes, ils ne sont pas rémunérés. Grosso modo, il y a des soucis avec ChatGPT qui sont moyennement pris en compte. » (Loïc Bersier),
As-tu certaines appréhensions ?
« Oui, j’ai un peu peur. C’est quelque chose de nouveau et j’ai un peu du mal à le comprendre donc ça fait un peu peur. Mais je ne pense pas que l’on peut pas être contre. » (Hippolyte Bourgon)
« Un peu, parce qu’il y a beaucoup de gens qui utilisent trop ce logiciel au lieu de croire en leurs propres compétences et de ce fait ça pourrait mal finir. » (Alexia Boedts).
Questions en vrac
Si tu étais un/e enseignant/e comment te sentirais-tu et que ferais-tu ?
« En soi, c’est aux élèves de voir si ça les aide dans leur futur mais je trouve tout de même dommage s’ils l’utilisent directement sans réfléchir. Je pense que j’interdirais ChatGPT car je craindrais qu’ils utilisent seulement l’intelligence artificielle. » (Alexia Boedts).
Et dans votre autre branche, en français ?
« Alors en français, le correcteur comme je vous l’ai dit l’autre jour, c’est vraiment assez redoutable. Après, je lui ai demandé d’écrire un poème sur un sujet donné et là c’était vraiment quelque chose de très faible, de très impersonnel. » (Christian Bardy).
Est-ce que vous allez adapter votre enseignement, par exemple pour éviter que les élèves recopient juste ce que ChatGPT a dit ?
« Oui c’est clair qu’en termes de devoirs, si on donne des devoirs à domicile, ça pouvait déjà être le cas avant, dans la mesure qu’on peut toujours faire faire ses devoirs par quelqu'un d’autre. C’est clair qu’il va falloir formuler le devoir de manière à contraindre quelque part, notamment si c’est en histoire, à donner des sources et puis si c’est en français là, c’est un peu plus compliqué, mais après on peut voir que le style n’est pas tout à fait très personnel. » (Loïc Bersier).
Pensez-vous que cela peut compromettre votre métier ?
« Je pense que cela peut compromettre les métiers des gens qui ne se renouvellent pas, qui ne s’adaptent pas (peu importe le champ professionnel.). Dans l’enseignement, par exemple, si on demande des productions ultra-classiques, c’est foutu. Dans ce cas-là il y clairement moyen de contourner la tâche et en dix secondes, ils auraient la possibilité de se faire produire quelque chose de très bien rédigé. La tâche n’aura servi à rien. Mais si on est un peu malin réussir à faire bosser et réfléchir les élèves. » (Loïc Bersier).
Vous allez donc adapter vos cours ?
« Il va falloir. On est obligé, mais ça fait partie du métier. » (Loïc Bersier).
Donc vous êtes moyennement réceptif à cette nouvelle technologie ?
« Pour moi, il faut que l’on ait un organe de contrôle, quel qu’il soit. » (Loïc Bersier).
Pour un/une enseignant(e) qui s’inquiéterait :
On pourrait penser que ce logiciel est utilisé par l’entièreté des étudiants (ou du moins une grande majorité), mais il reste une partie pour qui ce n’est pas le cas. Sur les dizaines d’étudiants à qui l’on a fait l’interview, plus d’un quart ne s’en servait pas et ne comptait pas commencer.
En conclusion, les avis sont divergents. Des gens sont très réceptifs et pensent que ChatGPT représente un bon compromis (avec les études par exemple) mais toutes ses qualités ne répriment pas les inquiétudes des utilisateurs vis-à-vis des sources et des méthodes qu’utilise Open AI.
Anaïs Balla Zambo, Giulia Michel et Eloi Guex