En Suisse, le nombre de jeunes souffrant de symptômes dépressifs ne cesse d'augmenter ces dernières années. Selon le rapport de l'Observatoire suisse de la santé (Obsan), la proportion de jeunes de 16 à 25 ans souffrant de ces symptômes est passée de 10,4 % à 13,5 % entre 2012 et 2017 (analyses publiées en 2020).
En 2017, la population suisse dans son ensemble a présenté une prévalence plus élevée de symptômes dépressifs moyens à sévères chez les adolescents et les jeunes adultes (16-25 ans), par rapport aux autres tranches d'âge (13,5 % contre 8,6 %). Cependant, les résultats de l'enquête ont également révélé que ces groupes d'âge ont signalé une moindre fréquence de dépression au cours des douze mois précédant l'étude, par rapport à d'autres tranches d'âge (3,6 % contre 6,6 %).
Ces chiffres inquiétants nous ont poussés à nous demander comment les jeunes de Fribourg allaient. Pour obtenir des réponses, nous avons contacté des étudiants, des jeunes en apprentissage et des spécialistes.
Voici quelques questions que nous avons posées à des adultes :
Avez-vous l'impression que la santé mentale des élèves s'est détériorée ces dernières années ?
« J'ai cette impression, je remarque certains comportements et certaines absences en classe », estime Fabio Prato, professeur d'italien au Collège Saint-Michel.
« Je n'ai pas beaucoup de recul en tant que médiateur depuis 3-4 ans, mais je dirais que parmi les élèves qui viennent me voir en médiation, il y a beaucoup de troubles et d'états dépressifs, pas de dépression, mais d'états de démotivation. Il y a beaucoup d'anxiété et de crises d'angoisse qui se sont manifestées, un sentiment de 'on n'y arrivera pas', de manque de motivation, etc. Oui, j'ai l'impression que cela est assez présent à l'heure actuelle. » selon Julien Baud, médiateur au Collège Saint-Michel.
À quoi pouvez-vous attribuer ce mal-être selon vous ?
« Sincèrement, je ne sais pas. Cela peut être dû à une charge de travail accrue, je ne sais pas si cela est dû au COVID, franchement je ne sais pas », ajoute Fabio Prato.
« D'après ce que j'observe, il y a plusieurs facteurs. Cela peut être lié à la scolarité et à une charge de travail trop importante. Il peut y avoir des difficultés personnelles (la situation familiale). Il peut y avoir un cercle vicieux autour des téléphones portables, où l'on n'a plus de temps pour se ressourcer et récupérer. On est complètement accaparé. En ce qui concerne le COVID, je n'ai pas personnellement constaté d'augmentation de patients, mais je sais que les jeunes à l'université ont été très affectés. » réplique Julien Baud.
Connaissez-vous des infrastructures qui prennent en charge les adolescents à Fribourg ?
« Immédiatement ici, nous avons une médiation au collège qui peut être utile et être un bon soutien », souligne Fabio Prato.
« Il y en a plusieurs. Nous disposons d'un service de psychologie dédié aux élèves du collège et de l'université, qui est gratuit jusqu'à la dixième séance et confidentiel. Il y a également des associations, telles que REPER qui s'occupe des questions liées à l'addiction, et le centre LAVI qui prend en charge les violences que peuvent subir les personnes. En tant que médiateur, nous pouvons contacter ces services. Cependant, je pense que ces infrastructures ne sont pas assez mises en avant et que nous n'en tirons pas suffisamment profit. », relève Julien Baud.
Nous avons remarqué que les jeunes entre 16 et 25 sont plus touchés qu’avant, qu’en penses-tu ?
« Je pense que les jeunes sont plus touchés parce qu'ils sont dans une situation de croissance. Ces facteurs peuvent causer du stress ainsi que des études, ce qui peut ensuite conduire à des cas de dépression. », partage Anna Brenna, élève de quatrième au Collège Saint-Michel.
Te sens-tu concerné/e par la cause ? Si oui, arriverais-tu à localiser la source principale ?
« Je me sens concernée, et je dirais que les causes principales sont le confinement en 2020 et les études gymnasiales », nous dit Anna Brenna.
« Oui, je pense que c’est dû au Covid qui a infecté le mental des jeunes. Pour certains, les cours sont condensés et vont de plus en plus vite pour rattraper les matières oubliées lors de cette crise sanitaire. », confie un employé de commerce qui souhaite rester anonyme.
Si oui, as-tu déjà essayé de contacter quelqu’un ou une association à Fribourg ?
« Oui, par l'intermédiaire de mon médecin de famille, j'ai été en contact avec un psychologue. », nous répond Anna Brenna.
« Oui, pour des raisons familiales, maladie de ma sœur. », selon un anonyme
Comment trouves-tu les infrastructures à Fribourg ? L’accès est-il facile ou difficile ?
« Je trouve que l'accès est assez facile, puisque l'aide peut également être trouvée au sein de l'école », souligne Anna Brenna.
« Je trouve que sur Fribourg il y a de très belles écoles avec de très bons professeurs, mais je pense qu’on peut encore s’améliorer sur l’aspect social notamment dans l’aide pour les étudiants. », répond cet anonyme
Trouves-tu que les professeurs apportent un certain soutien mental ?
« Oui, mais cela dépend aussi des professeurs. J’ai eu la chance d'avoir un professeur de classe qui s'intéressait beaucoup au bien-être de ses élèves : à l'école comme en-dehors », relève Anna Brenna.
« Par mes formateurs oui et ma prof de classe comprenait mes absences injustifiées. », ajoute cet anonyme.
Que fais-tu pour te changer les idées ?
« Je cherche à me distraire ou à pratiquer un hobby. », répond Anna Brenna.
« Je marche seul, parle à mes amis les plus proches, jouer au foot. », nous confie cet anonyme
Si tu devais demander une amélioration au canton de Fribourg, qu’est-ce que ce serait ?
« Honnêtement, je ne sais pas. », réplique Anna Brenna.
« Le soutien mental aux étudiants, le passage du secondaire aux écoles qui ne sont plus obligatoires est trop directs et provoque des baisses de moral voir même des burns out. », explique cet anonyme.
En conclusion, les jeunes semblent être assez touchés par les problèmes de santé mentale, mais ils ont malgré tout accès aux aides mises en place. Il est à noter que certains peuvent être empêchés de chercher de l'aide en raison de la honte, du manque de temps et de courage, ainsi que du manque d'information. Les institutions devraient donc accorder une plus grande importance à la sensibilisation et à la communication de l'information sur les aides disponibles pour les jeunes en matière de santé mentale.
Anaïs Balla Zambo, Giulia Michel et Eloi Guex 2C1